Entretien S. Nadin

Sébastien Nadin
Artiste-peintre

“Je suis le cuisinier de la peinture”

Chemise rose et tablier blanc entaché de peinture, concentré, le crayon à la main, S. Nadin est une apparition étonnante de l’image de l’artiste. Rencontre avec un peintre à la fois très contemporain et singulièrement ancré dans la tradition picturale.

Le 25 avril 2021. J’arrive chez Sébastien Nadin qui dessine sur sa terrasse pleine de fleurs, au cœur d’une cité de Bourgogne. Il porte son tablier de peintre blanc entaché de peinture sur une chemise rose pastel usagée. Son café est posé sur la table à côté de lui. Je m’approche sans vouloir le déranger dans sa concentration au milieu des fleurs : genêt, rhododendron, arum, rose, pensées et pivoines qu’il est en train de dessiner. Cela va du jaune au rose fuschia, du orange au pourpre, jusqu’au blanc. A l’affiche de L’Exposition de poche, cet artiste est une
apparition étonnante de l’acte du peintre au
travail.

MG : Sébastien Nadin, j’arrive chez vous à Sens, vous êtes en train de faire un dessin d’observation. Quelle place le dessin a-t-il dans votre vie et votre carrière d’artiste ?

SN : Le matin, quand l’œil est frais, je dessine. Le dessin d’observation me ramène dans le sol, sur la Terre, aux racines, par opposition à l’abstraction picturale. Par cette pratique du dessin, j’essaie de comprendre comment fonctionnent les choses, l’architecture, la mécanique des modèles,
comment prend forme un objet de la figure, une plante, le sujet. Les maîtres de la Renaissance ont inventé la perspective pour essayer de comprendre comment la nature, c’est-à-dire l’espace tridimensionnel, se construit. Comment les choses existent les unes par rapport aux autres : premier plan, second plan, le dessin c’est cela.
Je suis le cuisinier de la peinture. Sur ma terrasse, tout y est pour avoir un beau sujet de tableau.

MG : Avant d’exposer à L’Exposition de poche, vous avez fait une exposition magistrale à la galerie Soufflot à l’Université Paris I PanthéonSorbonne en février 2020, l’exposition « Peindre au temps du numérique ». Vous avez peint pour cet événement de très grands formats, la couleur est présente tout au long de l’exposition.

SN : Ces peintures, toutes datées de 2019 à 2020, sont le fruit d’une année de travail en itinérance dans le Pays-Basque, le Bordelais et la Bourgogne. En effet, c’est une exposition où la couleur est mise à l’honneur. Les visiteurs l’ont exprimé, notamment une dame qui a employé le terme “euphorique” pour décrire mon exposition.

MG : Oui, je l’ai ressenti aussi. Avez-vous déjà travaillé avec d’autres peintres ou est-ce que, pour enrichir votre travail, vous envisagez d’aller en rencontrer d’autres dans des résidences d’artistes ?

SN : Oui. J’ai déjà postulé à la Casa Velasquez à Madrid en 2020, pendant que j’accrochais mes tableaux à la Sorbonne pour mon exposition. Malheureusement, je n’ai pas pu prendre le temps nécessaire afin de mieux creuser mon projet et de monter un dossier plus complet. Je reste néanmoins très désireux de participer à ce type de résidences où de nombreux artistes peuvent échanger et j’ai le projet de postuler à
nouveau à Madrid, à Rome ou ailleurs.

“Sur ma terrasse, tout y est pour avoir un beau sujet pour un tableau”

Marie Grommier
Rédaction
Directrice artistique La NaV

Reportage chez l’artiste en Bourgogne aout 2021

 © Marie Grommier